L’Institut Pasteur, acteur historique de la recherche en santé publique, déploie son plan stratégique « Pasteur 2030 » pour répondre aux enjeux sanitaires majeurs de notre époque : pandémies, maladies chroniques et impacts du changement climatique. Ce programme ambitieux repose sur quatre missions fondamentales – recherche, enseignement, médecine et recherche translationnelle – et se concentre sur des axes prioritaires tels que les maladies infectieuses, les transitions environnementales, la genèse des maladies et la santé aux âges extrêmes de la vie.
Campus de l’Institut Pasteur – © Thomas LANG 2017
Les maladies infectieuses : une priorité historique et actuelle
Les maladies infectieuses, qui causent 15 millions de décès chaque année selon l’OMS, restent une menace mondiale. L’antibiorésistance, en particulier, pourrait entraîner jusqu’à 39 millions de morts annuels d’ici 2050 si aucune solution n’est trouvée. Outre les drames humains, ces défis ont des répercussions économiques considérables, avec des pertes estimées à 100 000 milliards de dollars d’ici 2050.
L’Institut Pasteur, grâce à son réseau international Pasteur Network, ses 80 unités de recherche et ses 19 centres nationaux de référence, est en première ligne pour relever ces défis. Ses objectifs incluent une meilleure compréhension des interactions entre l’hôte humain et les pathogènes, l’anticipation des nouvelles infections, notamment celles liées à la résistance antimicrobienne, et l’amélioration de la réponse aux pandémies futures.
Le rôle clé du microbiote et des interactions complexes
Gérard EBERL, responsable de l’unité Microenvironnement & Immunité, souligne l’importance des microbes pour nos défenses immunitaires. Le microbiote joue un rôle essentiel dès la naissance, en programmant le système immunitaire et en influençant la santé tout au long de la vie. Cependant, les maladies infectieuses et chroniques ne peuvent être comprises uniquement par l’étude de la génétique ou du microbiote. L’interaction complexe entre la génétique, l’environnement, l’alimentation et le vécu conditionne l’apparition de nombreuses pathologies.
Le Centre de Vaccinologie et d’Immunothérapie : une initiative phare
La crise sanitaire du Covid-19 a révélé des lacunes dans l’écosystème français pour le développement de vaccins. En réponse, l’Institut Pasteur a lancé le Centre de Vaccinologie et d’Immunothérapie (CVI), un projet clé du plan « Pasteur 2030 ». Ce centre vise à coordonner les efforts scientifiques pour développer des vaccins et immunothérapies de nouvelle génération, lutter contre les pathogènes émergents et préparer la réponse aux futures pandémies.
Deux objectifs majeurs sont poursuivis :
- Développement de vaccins et immunothérapies innovants : En collaboration avec des hôpitaux, des partenaires académiques et industriels, le CVI cible les maladies négligées, les maladies infectieuses émergentes et celles présentant un risque accru de résistance antimicrobienne.
- Amélioration des vaccins existants : Le centre cherche à mieux comprendre les mécanismes d’action des vaccins pour concevoir des solutions plus efficaces et identifier les sujets non-répondeurs nécessitant une attention médicale particulière.
Une approche transdisciplinaire et collaborative
Le CVI s’appuie sur les plateformes vaccinales existantes (vaccins vivants atténués, vaccins à ARNm, vecteurs viraux, etc.) et sur des outils avancés comme la vaccinologie inverse et le profilage immunitaire. L’objectif est d’optimiser les réponses immunitaires et d’accélérer l’innovation vaccinale.
L’Institut Pasteur mobilise son expertise transdisciplinaire, combinant immunologie, biologie structurale, microbiologie, neurosciences et biologie computationnelle. La configuration à taille humaine du campus favorise les échanges entre chercheurs, renforçant la collaboration entre disciplines. Par exemple, l’interaction entre immunologie et neurosciences a permis de mieux comprendre le rôle du mental dans les défenses immunitaires.
Un engagement national et européen
Le projet du CVI s’inscrit dans des initiatives publiques nationales et européennes, comme le programme France Vaccin, visant à coordonner les acteurs de la recherche fondamentale, clinique et translationnelle. Il contribue également à la préparation aux pandémies, en accélérant les procédures de recherche et de développement en cas d’urgence sanitaire.
Un investissement tourné vers l’avenir
Pour mener à bien ses missions, le CVI bénéficie d’un réaménagement du campus parisien et d’un investissement significatif en personnel, avec le recrutement de nouveaux groupes de recherche. L’Institut Pasteur diversifie ses sources de financement grâce aux dons, au mécénat, aux revenus liés aux brevets, aux partenariats privés et aux subventions publiques. Cependant, la recherche devient de plus en plus coûteuse, et l’un des défis majeurs des prochaines années sera de trouver des solutions pour diversifier davantage ces financements.
Le Centre de Vaccinologie et d’Immunothérapie incarne l’engagement de l’Institut Pasteur à relever les défis complexes de la santé mondiale. En mobilisant des expertises variées et en intégrant la diversité des paramètres associés à la santé humaine, ce projet innovant ouvre la voie à des solutions préventives et thérapeutiques pour les générations futures.
